La cousine australienne
Information grand public
Les phoques moines de Méditerranée, Monachus monachus, ne sont pas les seuls pinnipèdes à nager dans des eaux tempérées : des otaries évoluent sous des climats doux.
M. monachus et avec le phoque moine du Pacifique à Hawaï (M. schauinslandi) – depuis la disparition du phoque moine des Caraïbes (M. tropicalis) les deux phoques à ne pas évoluer dans les mers glacées. En revanche plusieurs otaries, vivent dans des eaux tièdes.
C’est le cas de l’otarie d’Australie Occidentale, Neophoca cinerea, qui a été autrefois chassée sans relâche, et est aujourd’hui protégée. Son histoire est une leçon de survie proche de celle du phoque moine méditerranéen. Pendant des décennies, ces otaries ont été tuées pour servir d’appâts dans la pêche aux requins, ou simplement parce qu’elles gênaient les pêcheurs, par exemple en endommageant leurs casiers à homards sur la Côte de Corail. Leur cycle de reproduction long et complexe n’a pas aidé à leur survie, poussant les femelles à se réfugier dans des grottes pour mettre bas et allaiter leurs petits, à l’abri des menaces extérieures.
Ce comportement de repli cavernicole n’a cependant jamais atteint l’intensité de celui des phoques moines. Aujourd’hui, grâce aux mesures de protection mises en place, les otaries australiennes commencent à reconquérir les plages des îlots préservés, un phénomène qui rappelle étrangement celui observé chez leurs cousins méditerranéens. Malgré les milliers de kilomètres qui les séparent, les similitudes entre les îlots choisis par ces deux espèces sont frappantes.
L’Australie, pays pionnier en matière de protection de l’environnement, montre un exemple fascinant de coexistence respectueuse entre humains et animaux sauvages. À Cervantes et Jurien Bay, les touristes peuvent s’immerger dans l’océan pour nager avec les otaries, une activité encadrée par des règles strictes. Bien que cette pratique puisse étonner les Européens, elle s’inscrit dans le respect de la nature de la culture australienne, où la pression touristique est bien moindre qu’en Europe autour de la Méditerranée.
Plus intéressant encore est l’exemple de Rottnest Island, un joyau écologique au large de Perth, métropole de 2 millions d’habitants. Cette petite île de moins de 20 km², prisée par les touristes, abrite une colonie d’otaries protégées. Autour de « Green Island », la pêche et la navigation sont interdites pour préserver la tranquillité des animaux. Une plate-forme d’observation a été installée en surplomb de la côte rocheuse, permettant aux visiteurs, d’observer ces lions de mer sans les déranger. Des télescopes sont même mis à disposition pour une observation à distance, garantissant la sérénité des animaux.
L’histoire des otaries d’Australie occidentale et des phoques moines de Méditerranée est un puissant rappel des défis de la coexistence entre l’homme et la faune sauvage. Pourtant, cet exemple australien, parmi d’autres, montre qu’avec certaines mesures de gestion respectueuse des écosystèmes, il est possible de préserver ces espèces tout en permettant aux humains de continuer à les admirer. Une approche différente à méditer, pour protéger notre planète et l’harmonie de ses habitants.
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