Pagayer avec respect au contact des phoques moines (par J.M.K.)
Témoignage

Dans le cadre de l’Observatoire Méditerranéen du Phoque, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience rare et précieuse: quelques jours dédiés à l’observation des phoques en kayak de mer, autour des îles de Meganissi et Kalamos, en Grèce.
Pendant quatre jours, nous avons parcouru environ 50 km en kayak. Ce type de progression lente et silencieuse est idéal pour découvrir la côte sans déranger la faune. Mais voir un phoque n’est jamais garanti : ils sont discrets, rares, et surtout très sensibles à la présence humaine. Sur tout le trajet, nous n’avons rencontré des phoques que dans quelques lieux précis, connus des marins locaux et des spécialistes. Ce sont des endroits tranquilles, souvent difficiles d’accès, où ces animaux peuvent se reposer ou se nourrir en paix, mais parfois proches des zones de passages des bateaux.
Notre première rencontre fut brève : un individu a été aperçu au loin, en pleine mer. Il a plongé et disparu aussitôt, sans signe de stress ni de panique. Ce comportement, typique d’un phoque qui ne souhaite pas interagir, montre bien qu’il faut respecter leur espace et ne pas insister. Il a simplement choisi de s’éloigner, calmement, comme il le fait avec les bateaux de pêche ou les goélands trop curieux.
Une deuxième rencontre fut là encore fugace, à quelques mètre d’un éperon rocheux, un phoque nageant avec nonchalance plongea en nous apercevant malgré notre rythme lent sans que nous ayons pu le voir ré-apparaitre malgré une attente, presqu’immobile de plus d’une dizaine de minutes. Un mammifère marin qui décide de ne pas se montrer à des hommes se déplaçant avec leur bras le fait aisément.
La troisième rencontrefut très différente. Dans une crique abritée, un phoque moine plus sociable et curieux s’est approché lentement. Il est resté en surface, nous a observés, et nous a permis de le photographier dans de bonnes conditions, toujours à distance raisonnable. Nous avons eu le temps de noter plusieurs détails : l’état de son pelage, ses mouvements, ses interactions avec l’environnement. C’était un moment fort, mais aussi un rappel précieux : ce type de rencontre n’est possible que dans le respect total de l’animal.
Un équilibre fragile à préserver
Les phoques moines de Méditerranée sont l’une des espèces les plus menacées du bassin.
Leur survie dépend autant de la protection de leur habitat que du comportement des humains qui croisent leur route. Il est donc essentiel de :
– Ne pas chercher à s’approcher
– Ne pas les appeler ni faire de bruit
– Ne pas bloquer leur accès aux grottes ou plages
Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas les observer. Apprendre à mieux les connaître, comprendre leurs habitudes et leur mode de vie, est indispensable pour mieux les protéger.
C’est tout l’intérêt de ce type de séjour, encadré par des professionnels formés et conscients des enjeux. Il s’agit d’écotourisme responsable : voir sans déranger, comprendre sans forcer.
Conclusion
Observer un phoque, c’est un privilège. Le faire en kayak, de manière discrète, permet de rester invité dans leur monde, sans y imposer le nôtre. Grâce à cette expérience en mer ionienne, j’ai mieux compris l’équilibre délicat entre curiosité humaine et respect de la vie sauvage.
Ce n’est qu’en protégeant leur tranquillité que nous pourrons continuer à les voir… et à les laisser vivre.

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