Avril 2025 : Où se sont-ils « envolés » ?

Information grand public

Depuis le printemps dernier nous pagayons régulièrement le long de mêmes côtes en mer Ionienne. La navigation en kayak se fait généralement dans une bande à moins de cent mètres du rivage.

Notre position à « fleur d’eau » empêche notre regard de porter bien loin, mais cet inconvénient est compensé par l’avantage de la discrétion de nos déplacements silencieux. Guidés par l’intérêt d’observer des phoques, les itinéraires le long des îles sont récurrents et passent systématiquement par les lieux où des phoques ont été signalés ou vus précédemment. Les trajets reliant ces lieux remarquables sont toujours les mêmes et forment des lignes qui peuvent être apparentées à des transects.
Même si ces navigations assez standardisées sont relativement récentes, on remarque des fluctuations importantes selon les saisons, voir pour des périodes plus courtes. Au printemps 2024 les rencontres de phoques ont été fréquentes (une quinzaine d’observations), elles ont été nulles à l’automne suivant et rares pour l’instant en ce mois d’Avril.
La notion d’espaces marins fréquentés épisodiquement par des phoques est bien connue et ne se cantonne pas à la seule mer ionienne. Il y a quelques années en mer Égée, lors du tour d’une ile des Cyclades, un navigateur résident, nous avait prévenus « pour voir des phoques vous allez au bon endroit mais c’est trop tôt d’un mois » et nous n’avons, en effet,  aperçu  aucun pinnipède, autour de ces iles pourtant réputées pour la fréquentation assidue des Monachus monachus.
Il s’agit d’une impression alors que, simples naturalistes nous nous abstenons de pénétrer dans les grottes connues pour abriter les phoques. Les scientifiques qui ont accès à cet habitat notamment par le biais de la vidéo-surveillance ont certainement des données intéressantes à ce sujet. Les professionnels de la mer et autres habitués de ces rivages (pêcheurs locaux, bateliers, guide nature…) ont une grande expérience dont ils peuvent faire profiter des chercheurs.
Au delà des périodes de fréquentation, se pose la question de la localisation des animaux pendant ces temps d’absence. Plus encore que la photo-identification sur ce sujet le suivi par balise GPS semble la méthode de choix. Largement utilisé pour l’étude d’autres populations de par le monde, ce matériel est encore peu utilisé chez le rarissime phoque moine. Les risques traumatiques liés à la capture d’un mammifère en voie d’extinction ont été un frein à la pose de ces balises. On peut en ressentir une certaine frustration sur le plan intellectuel mais sur le plan éthique de conservation d’une espèce on ne peut que s’en féliciter. Souhaitons que l’intérêt de l’animal continue à passer avant celui des carrières professionnelles !

Une situation ne présente pas de danger lié à une capture et permet de suivre à distances des animaux : il s’agit de la pose de « tracker » sur les phoques notamment jeunes, relâchés après des soins. En début d’année certains jeunes phoques, après avoir été soignés par le MOm en Grèce ou SAD-Afag en Turquie, ont regagné leur milieu naturel équipés de matériel électronique permettant une récolte de données scientifiques (sur une durée limitée) comprenant leurs déplacements, en même temps que d’autres mesures. Espérons que ces initiatives scientifiques sans danger s’amplifient et que le coût de ces appareils de haute technologie ne soit pas un obstacle à leur utilisation.

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P O ObsMeP 05/24

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En préparation car même si l'habit ne fait pas le moine sa griffe mérite d'être connue !

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