Visite à Alonissos

Dès sa création en 1992,  la protection des phoques moines a été une des missions essentiels de cette aire marine protégée dans laquelle le MOm s’est fortement impliqué. Depuis que je m’intéresse au Monachus monachus j’en avais souvent entendu parler et ai pu enfin la visiter, pour la première fois en cet été  2025.

Les circonstances de notre visite

En début d’année je suis informé d’un projet de location de deux voiliers de 50 pieds barrés par des skippers italiens francophones pour près de deux mois entre l’Attique et la Chalcidique. Durant ce périple autour d’Eubée et des Sporades, deux semaines avaient pour cadre le parc d’Alonissos et ses environs, et une thématique sur le phoque moine était prévue, S Bonicalza devait s’occuper d’informer les participants sur le phoque moine et les sensibiliser à sa protection. Inutile de dire que j’ai été enthousiaste à l’idée de participer à une semaine de cette croisière et il m’a été proposé de naviguer sur le second voilier afin de répondre aux questions des passagers notamment francophones.

Le parc, MOm et Thalassa

Après nous être acquittés du droit de séjour dans le parc, nous avons pendant quatre jours croisé et mouillé dans ce qui est en fait un archipel, avec des zones de réglementation différenciée comme dans tous les parcs de cette envergure.

A côté d ‘Alonissos ile relativement touristique s’étend un chapelet d’îles, inhabitées pour la plupart, sanctuarisées partiellement ou complètement pour certaines d’entre elles. Lieux inhabités mais pas déserts pour autant en ce milieu d’été avec une pression touristique modérée dans des baies toutes plus belles les unes que les autres.

La présence de vedettes de surveillance de l’association Thalassa donne le ton d’une surveillance réelle sans être pesante.

Sur le port de la capitale de l’ile, se trouve le bureau du MOm, qui a l’aspect d’une coquette boutique à l’angle des bâtiments du quai et de la rue principale. Si la devanture met l’accent sur les produits dérivés, à la griffe du phoque, le reste du local est plus pédagogique, avec des posters et des diaporamas didactiques non seulement sur le phoque, mais aussi sur les cétacés, oiseaux marins,… du nord de la mer Égée. En progressant dans l’établissement, une vitrine avec un squelette de phoque moine mâle mort à 42ans, les os d’un odontocètre au plafond donnent un ton scientifique. L’accueil des bénévoles est très sympathique et on ressent la passion pour la nature qui anime ces jeunes gens. Pour nous cette visite, outre les achats effectués a été l’occasion de rencontrer une des fondatrices du MOm, E Tounta et de revoir brièvement mais avec plaisir un jeune chercheur : Simon.

Les phoques du parc :

Plus encore dans le village historique perché sur le relief surplombant la mer et la petite station balnéaire récente, que sur le port principal, les phoques sont présents en abondance dans nombre d’échoppes et magasins. Ils se déclinent en magnets, peluches, figurines …plus ou moins artistiques. Visiblement l’animal emblématique du parc est un bon support de communication pour les activités du commerce local et du tourisme de l’île.

Dans le parc tant en navigation qu’au mouillage nous aurons observé aucun phoque depuis l’un ou l’autre voilier. L’observation des animaux en pleine nature n’est jamais garantie même en fréquentant les aires protégées qu’ils peuplent le plus densément.

Autres rencontres dans le Parc

Outre les chèvres, qui comme partout en Grèce, ont été régulièrement présentes sur le rivage dans l’eau la faune a été bien diversifiée. Cormoran curieux, poulpe discret, jeunes méduses « oeuf au plat », poissons divers… ont animé les randonnées aquatiques dans les eaux limpides des golfes protégés. Première rencontre pour moi d’un poisson méditerranéen, dont l’aspect et les belles couleurs m’évoquaient plutôt une espèce exotique : un grondin volant (Dactylopterus volitans) !

Plus surprenant, en me promenant avec un Stand Up Paddle, un rocher dans un mètre de fond au fond d’une baie très fermée a attiré mon attention du fait de sa forme inhabituelle, d’un peu plus près il s’agissait du crâne d’un cétacé à dents (odontocète). L’examen des alentours permit de voir deux Hemi-mandibules, des côtes, des vertèbres, … un squelette de ce que plusieurs spécialistes identifieront comme celui d’une baleine à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris). Trouvaille bien entendu signalée au MOm, qui a pu récupérer ces ossements avec les gardes du parc et pourra sans doute un jour les exposer.

Semaine suivante ce sont des grands dauphins (Tursiops truncatus) bien vivants, se régalant de raies pastenagues qui ont assuré le spectacle.

Un phoque en dehors du Parc

C’est en s’approchant du rivage à la recherche d’un mouillage pour la nuit à quelques dizaines de milles nautiques du parc, que plusieurs d’entre nous on pu apercevoir furtivement mais avec certitude, un phoque aux abords d’un cap où quelques vagues déferlaient.  Une occasion pour moi d’apprécier l’avantage qu’offre mon embarcation habituelle le kayak de mer par rapport au voilier pour observer et approcher le pinnipède.

Le lendemain avec Sofia nous avons pu envisager la localisation de la grotte qu’il pourrait habiter et en discuter avec les spécialistes du MOm qui connaissent parfaitement cette zone et ont pu confirmer notre hypothèse et nous donner des informations complémentaires sur cet habitat référencé et documenté. Un excellent atelier pour sensibiliser les autres  passagers à la biologie du phoque moine et à la difficulté de sa préservation. Le mouillage à l’écart des herbiers de posidonies comme la gestion des eaux noires en navigation de plaisance ont été d’autres thèmes abordés lors de cette croisière.

Une rencontre avec un phoque des Sporades pour me changer de ceux des Cyclades ou de mer ionienne était la meilleure façon de terminer cette croisière conviviale, avec Piero et Francesco nos excellents skippers, et de très agréables équipiers entre les îles de ce bel archipel protégé.